STANISLAS RODANSKI



Ecrits
Néon, n°1 et n°3, 1948
La révolte en question - Le soleil noir 1952
Le temps des assassins - Le soleil noir 1952
"La Victoire à l'ombre des ailes" Le soleil noir François Di Dio 1975
"Des proies aux chimères" Plasma 1983
"Horizon perdu" Editions Comp'act 1987
"Journal 1944-1948" Deleatur 1991
"La Montgolfière du déluge" Deleatur 1991
"Ecrits" Christian Bourgois 1999

Filmographie
Horizon perdu, film 16 mm noir et blanc de 40 mm réalisé par Jean Paul Lebesson et Bernard Cadoux
S.R enquête sur un tueur d'images, film vidéo de 52 minutes par Jean Paul Lebesson et Bernard Cadoux

Utilisation de la voix de Stanislas Rodanski
enregistrements de JP Lebesson 1977-1979 et musiques du Lt Caramel
L'Enfer est un petit début
Variation sur un horizon perdu



Stanislas RODANSKI est né en 1927 à Lyon. En 1944, à dix sept ans son journal s'ouvre en avril par une citation d'Amiel : "Il semble que le feu ait pris aux poudres..."

A Lyon, à Mannheim où il fut interné dans un camp après avoir été raflé par les Allemands en novembre 1944 dans une rue de Saint Dié,
A Megève où il séjourna à de nombreuses reprises, il tenta vainement de faire gagner son désir de gloire et de pureté sur la conscience de l'absurde et l'attirance du désespoir qui l'étreignaient.
Au cours des années 1946-1947, il habita le plus souvent, à Lyon, sur la colline de la Croix-Rousse qui domine toute la ville, dans l'atelier de la rue des Gloriettes où demeurait sa grand-mère paternelle.
Membre du mouvement Surréaliste en 1948, le surréalisme incarné par André Breton fut, à ce moment-là, pour lui, la ressource de l'esprit et son unique espoir. Espoir déçu pour Rodanski qui participa au mouvement avant d'en être écarté, en compagnie de Sarane Alexandrian et d'Alain Jouffroy, au moment de l'exclusion de Victor Brauner. Rupture sensible qui, accélérant l'affaiblissement de ses moyens de défense mentale, l'entraîna vers l'abandon. Quelques semaines plus tard, le jeudi 20 janvier 1949, Rodanski est arrêté et hospitalisé à Perray-Vaucluse, puis à Villejuif en 1952.

La voix de Rodanski à vingt ans est perdue ! A partir de 1954, il est interné à l'asile Saint Jean de Dieu à Lyon jusqu'à sa mort le 23 juillet 1981.




Variation sur un horizon perdu
(Musique)

Je possède actuellement, grâce à un ami cinéaste, Jean Paul Lebesson, les seuls enregistrements qu'on puisse posséder de la voix de Stanislas Rodanski. Ces enregistrements n'ont jamais été publiés et ont été stockés dans de très mauvaises conditions. Ils ont une grande valeur historique car ils témoignent du passé de Stanislas Rodanski : sa jeunesse, les camps d'internement, le mouvement surréaliste, mais également de son quotidien à l'hôpital. Au total, c'est une trentaine d'heures de voix qui sont ainsi sur des bandes magnétiques. L'objet de la pièce musicale sera donc de travailler avec des échantillons de ce dernier texte lu par Stanislas RODANSKI et d'en perpétuer toute la poésie :

"Ce texte ultime, s'il n'est plus un écrit est encore une parole qui, par son ressassement même , dit la catastrophe existentielle que, signe la perte de tout horizon. Ce n'est pas "du Rodanski pur" mais du Rodanski dans son rapport à nous. Un métissage, le montage de certains propos qu'il nous a tenus lors de conversations enregistrées entre 1977 et 1981.
Notre rencontre avait été immédiate : nous caressions l'idée d'un film (*) sur l'Horizon Perdu et lui se vivait comme l'acteur obligé d'un obsédant cinéma intérieur : "Que me veulent les Maîtres du monde ? Quel film... Enfin j'ai fini d'écrire.". J.P. Lebesson.



VARIATION SUR UN NEON

Dans un premier temps, j'ai juste nettoyé les bruits de surface des vieux enregistrements et en raviver les couleurs (art séculaire) à l'aide d'outils tels que Peak, audiosculpt.
Puis j'ai réalisé cette pièce musicale d'abord pour faire revivre la voix oubliée de S.R, pour faire entendre à nouveau ce timbre si particulier (souffle, rugosité etc...), voix dont Julien Gracq disait n'avoir jamais entendu d'aussi caverneuse.
Ensuite, pour écrire une nouvelle histoire issues de carnets aux textes effacés "arrivé à l’hôpital, il se souvient..." qui incitent à retrouver une chronologie d'un cocktail de mythologie et de série noire...

C'est une écriture de fusion mêlant la voix parlée de Stanislas Rodanski, ....à des sons de néons qui ont été traités par des manipulations sur la vitesse, à l'envers, étirement...tous les traitements permis en musique concrète. Ces sons de néons enregistrés dans des hôpitaux, des garages, des églises et lieux divers évoquent ainsi l'errance de Rodanski (il aurait aimé être reporter) tout en soulignant sa quête de lumière... il avait d'ailleurs donné le nom de NEON à un journal, d'un seul numéro, qu'il avait créé en 1947. Car cette absence de communication dont fut victime Stanislas Rodanski pourrait être ce tube luminescent qu'on trouve aujourd'hui dans nos nuits sur terre, dans le désespoir des limites de ces rues désertes, des néons à la fois harmonieux et bruyants qu'on utilise pour notre éclairage mais qui ne donnent pas de chaleur.

La musique oscille - entre fiction et reportage, reflet et contestation du réel : il y a dans la pièce musicale un instant de départ d'un bateau pour de lointains horizons, Shangri-la, ville mystérieuse où le temps s'arrête, où on ne vieillit jamais. Les percussions, réalisées avec la table d'harmonie d'un violon, désignent la virtualité de ce voyage vécu dans l'enceinte d'une maison d'internement psychiatrique.
la pièce sera ainsi écoutée par l'auditeur dans son propre environnement, sa propre chambre, il bouge, va et vient , se perd et se retrouve...comme le parcours de la vie de Stanislas Rodanski.


PAROLES DE S.R "VARIATION SUR UN HORIZON PERDU"

0 - 12’’
Je suis ce qui ne passe pas, de l’enfance je suis le messager

24’’- 29’’
Nous n’allons pas en Europe, nous allons dans la vallée disparue de Shangri-là

59’’- 1’04’’
On voyait les hommes piocher et les femmes conduises à la mort

1’26’’ - 1’28’’
Arrivé à l’hôpital, il se souvient

1’41’’- 1’56’’
Un homme qui se souvient de sa vie passé, qui découvre des circonstances surprenantes...Après la mort, il y a l’horreur et tout un matériel d’horreurs, avec eux, pour faire ça en grand de façon illimitée, des horreurs illimitées !

3’11’’ - 3’17’’
Dans des expressions de souffrances absolument inconnues de l’humanité...

4’46’’ - 5’02’’
Ce qui constitue un crime absolument insondable et puis la sombre beauté du spectacle est une gravité sans nom, le goût de la beauté ne peut aller si loin qu’à un moment...

5’15’’
L’intervention des horreurs, les horreurs suivent naturellement la beauté !

6’06’’ - 6’08’’
Comment fait on pour écrire un sujet ?

8’
Après la mort (phrase répétée 5 fois)

8’27’’ - 8’31’’
Ils se sont reposés avec Dieu, reposés avec Dieu

8’34’’ - 8’45’’
Pour en arrivé à quelque chose d’insaisissable, il cherchait par là quelque chose de vraisemblable - Vieille histoire, Vieille histoire, Vieille histoire, Vieille histoire, Vieille histoire...

8’46’’ - 8’55’’
Ah non non, c’est lui qui avait dit effectivement “ moi, je n’ai marre, je me sens pas bien du tout, alors faites le, vous me licenciez et tout ! ” c’est lui qu’il l’avait proposé

10’15’’- 10’20’’
On peut dire ce que c’est d’avoir connu Shangri-là

10’54’’- 10’20’’
Arrivé à l’hôpital, il se souviens, il s’est trompé de chambre, il vois une jeune fille, il est question d’un tableau : les soleils de Van Gogh.

16’48’’
Le souvenir, le souvenir, c’est tellement ça, c’est la vie d’un homme à l’hôpital




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